Le choix de la Cie de l’Ovale de porter à la scène Frida Kahlo, propos de Pascal Rinaldi, auteur et compositeur.
Illustrer la vie de Frida Kahlo, c’est illustrer la force de vie dans un jeu de cache-cache incessant avec la mort.
Frida Kahlo demeure une énigme. Son ambiguïté souligne son statut d’héroïne qui offre à chaque admirateur ce qu’il cherche. Comme si elle apparaissait à travers un prisme, chacun voit une perspective différente, qu’elle semble mettre en exergue sa joie de vivre, sa nature implacable, sa douloureuse fragilité, ou encore sa morbidité et son caractère manipulateur. C’est cette Frida multiple que la Compagnie de l’Ovale monte à la scène, dans un univers coloré à l’image du Mexique, fait de fragments de son journal intime, de sa correspondance, de musiques et chansons qui illustrent, les moments-clés de sa fabuleuse et douloureuse existence.
Propos de Lorenzo Malaguerra, metteur en scène
« Afin de faire de notre Frida jambe de bois une matière théâtrale riche et ludique plutôt que descriptive et biographique, nous avons opté pour placer l’action dans un univers décalé. Est-ce un asile psychiatrique, un home pour personnes âgées, une chambre d’hôtel ? Peu importe, disons qu’il s’agit d’un lieu interlope où se retrouvent quelques êtres pour disserter de la mort et empoigner à bras le corps l’artiste et la femme Frida Kahlo.
Pour ce faire, nous avons convié, parmi les fidèles de la Compagnie de l’Ovale, Jean Lambert-wild, ami et collègue de longue date avec lequel j’ai signé plusieurs spectacles en commun, dont le dernier en date fut Roberto Zucco à la compagnie nationale de Corée. Jean Lambert-wild possède aussi un clown au pyjama rayé et au tragique facétieux dont il montre les qualités dans Richard III - Loyaulté me lie ainsi que pour son interprétation de Lucky dans En attendant Godot.
L’univers fantasmagorique de Frida Kahlo, peuplé de squelettes, de fleurs et de corps corsetés, appelle le théâtre vers un endroit qui doit correspondre à cette féérie visuelle. Pour créer le décalage nécessaire à une incarnation de Frida Kahlo qui ne soit ni littérale ni ridicule, nous associerons sur scène des artistes de haute volée dont les qualités musicales, théâtrales et clownesques créeront en toute liberté un univers grinçant, tragique, carnassier et coloré. A n’en pas douter, la confiance et l’estime réciproques qui nous habitent devraient permettre à ce spectacle de déployer ses ailes en folie et en qualité.»
Frida Kahlo, inspiratrice du spectacle, une femme d’exception !
Durant sa courte vie, Frida Kahlo (06.07.1907- 13.07.1954) a mené une existence extraordinaire, comme peu de gens peuvent en avoir. Simplement parce qu’elle recoupait à elle seule les définitions de Mexicaine et surréaliste, de féministe et de figure mythique, Frida Kahlo a rencontré les plus grandes personnalités de son temps et impressionné André Breton, Joan Mirò, Pablo Picasso, Nelson A. Rockefeller et Léon Trotski pour ne citer qu’eux.
Frida était si contradictoire, si multiple, que l’on peut dire que la personnalité de cette femme était constituée de plusieurs Frida. Elle avait une personnalité à plusieurs facettes. C’était une femme au Moi terriblement instable, toujours différente, et pourtant toujours identique. Elle se remodelait sans trêve, pour tenter d’approcher l’idée qu’elle se faisait d’un être complet. A chaque transformation, elle croyait présenter l’apparence susceptible de retenir l’attention des gens auxquels elle désirait plaire à ce moment- là, ceux qui pouvaient lui apporter la sécurité et la sensation d’exister. Peut-on vraiment refuser ou esquiver son véritable Moi et s’en inventer un de toutes pièces ? La réponse est oui, si l’on est persuadé que c’est la seule manière de survivre.