Dans un petit village aux pierres ombreuses, dans le pays de Salers, au début de la Première Guerre mondiale, tous les bras qui restent travaillent dur aux champs et dans cet ordre socialement établi. Ce sont les mêmes gestes, les mêmes mots, les mêmes allures qui maillent les générations. L’arrivée de deux réfugiées vient soudain illuminer le paysage.
NOTES ET INTENTIONS (10 commandements)
1.Bouysse renouvelle le genre du Grand Mélo à l'ancienne. Il en tord les codes pour les tirer vers la Tragédie. La Destinée pointe son doigt sur le crâne de l'Innocent qui n'avait rien demandé. Anna, Victor, Joseph, Mathilde, Marie, Valette et tous les autres prennent place dans l'immense tourbillon de l'Humanité et de son Histoire.
2.L'adaptation s'appuie, avant-tout, sur une vision de lecteurs. DeGrands-Lecteursqui auraient l'immense pouvoir de transcrire au plateau ce qu'ils ont en tête. Il ne s'agit pas uniquement de donner à entendre les scènes dialoguées - Bouysse est un formidable dialoguiste - , mais bien d'offrir de grosses pépites de littérature pure - comment d'ailleurs, s'agissant d'un texte de Bouysse, pourrait-il en être autrement ?
3.Nous défendons une forme : celle du Roman-théâtre. Il conviendra sans cesse de nous rappeler que nous nous immergeons dans une écriture romanesque ; le lecteur-diseur nous transmettant le fl de l'intrigue, incarnant notre « je » dans notre solitude plaisante de lecteur.
4.Il s'agira de coller sans emphase à la prose de l'auteur dans un rendu simple, une adresse sans fard pour garder la saveur et la justesse du propos. Dégager avec force et vérité l'atmosphère sombre, étouffante ; l'âpreté et la violence des sentiments.
5.Nous synthétiserons sans dénaturer l'essence même et les messages que l'auteur nous transmet : rapports dominants-dominés, destins individuels et collectifs, combat entre le bien et le mal.
6. L'adaptation est écrite pour 8 comédiens : 4 hommes, 4 femmes.
7.Inventer avec les acteurs, uneécriture de plateau, mettant en perspective l'écriturede Bouysse.
8.Ne pas forcément traiter de la guerre omniprésente, mais de ce qu'elle engendre de confits, de colère, de frustration, de peur, de rancune, de tristesse, de violence chez les protagonistes. La guerre est loin mais elle est là. On l'entend ou ne l'entend pas. L'importance du silence, cette partition sans oiseau ni pluie, ni vent, ni tempête.
9. Les acteurs auront quasi l'âge des rôles qu'ils ont à défendre. Il n'y aura pas à jouer mais être, donner à sentir l'odeur du réel.
10.Se situer résolument entre la fdélité à l'oeuvre et l'envie d'inventer une forme qui soit propre à notre univers.