Durée : 5h avec entracte / LE SPECTACLE EST EN 2 PARTIES : Partie 1 : 2h20 / Entracte / Partie 2 : 2h

À partir de 14 ans

Distribution

DE Tony Kushner 

MISE EN SCÈNE Aurélie Van Den Daele 

DRAMATURGIE DE LA TRADUCTION Ophélie Cuvinot-Germain

ASSISTANAT À LA MISE EN SCÈNE Mara Bijeljac 

LUMIÈRES, VIDÉO, SON, SCÉNOGRAPHIE Julien Dubuc, Grégoire Durrande, Chloé Dumas

AVEC Antoine Caubet, Emilie Cazenave en alternance avec Édith Mérieau, Gregory Fernandes, Julie Le Lagadec, Alexandre Le Nours, Sidney Ali Mehelleb, Pascal Neyron, Marie Quiquempois

COSTUMES Laetitia Letourneau et Elisabeth Cerqueira

RÉGIE Victor Veyron et Arthur Petit

DIFFUSION Gabrielle Dupas 

Production

PRODUCTION Théâtre de l’Union – CDN du Limousin | COPRODUCTION Théâtre de l’Aquarium, Théâtre de Rungis, La Ferme de Bel Ébat-Théâtre de Guyancourt, Groupe des 20 théâtres en Île-de-France | Avec l’aide d’ARCADI dans le cadre du dispositif d’accompagnement, de l’ADAMI, de la SPEDIDAM, avec le soutien de la Mairie de Paris, avec le soutien de l’OARA.

Le spectacle a été créé en novembre 2015 à la Ferme de Bel Ébat-Théâtre de Guyancourt.

DE Tony Kushner
MISE EN SCÈNE Aurélie Van Den Daele

UN MONUMENT DU THÉÂTRE AMÉRICAIN

L’ACTION SE DÉROULE DANS LES ANNÉES 80, AUX ÉTATS-UNIS DANS «CE GRAND MELTING POT OÙ RIEN NE S’EST MÉLANGÉ…

Des destins se croisent interrogeant l’altérité, la politique et l’arrivée du sida dans cette Amérique reagannienne. Aurélie Van Den Daele et sa troupe bouillonnante de vitalité s’emparent avec générosité de cette saga empreinte de compassion, d’humour et de fantastique, pour nous faire vivre simultanément les tranches de vie à cru des personnages tout au long de cette formidable traversée.

Un paysage sociétal surgit : celui des années 80, fondement de notre histoire actuelle.

 

en tournée 22 / 23

→ Toulon • Scène Nationale Châteauvallon-Liberté 2 déc. 2022

→ Ivry-sur-Seine • Théâtre des Quartiers d’Ivry – CDN du Val-de-Marne 10-11-12 mars 2023

→ Bordeaux • OARA – LA MÉCA 24 mars 2023

→ Lannion • Le Carré magique, Pôle National Cirque 6 avr. 2023

→ Vélizy-Villacoublay • L’Onde 15 avr. 2023

L’HISTOIRE

AUTOMNE 1985, À NEW YORK, EN AMÉRIQUE, «DANS CE GRAND MELTING POT OU RIEN NE S’EST MÉLANGÉ».

Intense moment de crise pour deux couples, l’un homosexuel, l’autre hétérosexuel et un homme de pouvoir.
Harper et Joe, mormons se déchirent : elle, dépendante au valium et effrayée par le monde réel, lui découvrant son homosexualité.
Prior et Louis font face à une terrible épreuve : Prior est malade du sida et Louis se retrouve impuissant à l’accompagner. Roy Cohn, célèbre avocat new yorkais et éminence grise du pouvoir, prés à tout pour éviter d’être rayé du barreau tente de promouvoir Joe à Washington.
Mais pour ce personnage pétri de contradictions, juif et antisémite, homosexuel et homophobe le sort en décide autrement : il apprend qu’il est malade du sida. Refusant de l’admettre, il sera conduit au service oncologie de l’hôpital où Belize, infirmier noir travaille. Il reçoit les visites d’Ethel Rosenberg, qu’il a condamné à la chaise électrique des années plus tôt.
Pour sauver ces êtres du chaos dans lequel ils errent, pas de Dieu mais des Anges ! Dont un qui débarque pour élire Prior comme prophète d’un Occident mal portant.
Tony Kushner offre une fresque où les différents mondes, poreux, se rencontrent : ceux qui sont visités par des anges rencontrent ceux qui hallucinent, ceux qui tentent de se révéler croisent ceux qui fuient et ceux qui travaillent à la maison blanche découvrent la drague dans les parcs.
Autant de destins croisés pour peindre une société malade de ses non-dits, de ses corruptions, avec soi-même ou avec le système.
Autant de variétés de registres, du comique au tragique, du grotesque à l’intime (tout y existe rappelant Shakespeare, Brecht et Wim Wenders) pour questionner les mythes fondateurs, les idéaux déchus, et la construction d’une autre réalité.

La pièce offre le paysage historique d’un monde en marche : celui des années 80, fondement de notre histoire actuelle. 

« LE SECRET AVAIT CONTAMINÉ TOUTE MON ENFANCE."

J’avais beau exploser de désir, la honte me faisait haïr tout ce qui aurait pu me rappeler ce que j’étais. J’avais peur de moi. Un soir, le lycée nous avait emmené voir une pièce de théâtre à la maison de la culture. La pièce s’appelait Angels in America et je n’en avais jamais entendu parler(….) 

Dans la salle du grand théâtre, je me suis assis près d’Eléna et le spectacle a commencé. Dès les premières minutes des hommes s’embrassaient, ils se déshabillaient, ils faisaient l’amour les uns avec les autres : je n’avais jamais vu une représentation aussi directe de l’homosexualité, jamais aussi explicite, et donc jamais vu une représentation aussi explicite de mon propre désir, de mon propre secret, et je crois pouvoir le dire, de mon être. Je me suis levé au milieu de la pièce, et j’ai dit : je veux pas voir ce truc de pédé, ça me dégoute. Eléna et les autres filles avaient été surprises et m’avaient dit en sortant du spectacle que j’étais stupide, homophobe. Leurs insultes m’avaient rassuré. Ce que les filles ne savaient pas, c’est que quand j’étais sorti, une fois à l’extérieur de la salle de théâtre, j’avais pleuré, pleuré de ce que j’avais vu, pleuré de la haine de moi-même. J’avais pleuré parce que je savais que j’aurai voulu voir cette pièce de théâtre jusqu’au bout, plus que tout. » 

Edouard Louis, Changer : méthode 

NOUS AUSSI, NOUS VOULONS ENCORE DE LA VIE, DE LA VIE.

par Aurélie Van Den Daele

D’aucun.e.s diront que c’est fou de présenter une pièce de 5 heures. Que désormais il faut faire court et séparé, parce que les fléaux nous tombent dessus comme les glaces fondent au soleil. 

C’est vrai que c’est dingue. 

Mais que voulez-vous, je suis dingue de cette pièce…de sa folie, de sa passion, de son mélange des registres. Je suis dingue de cette aventure avec ces personnages qui cherchent et vibrent dans l’Amérique des années 80. Qui résonne toujours et encore un peu plus comme « ce grand melting pot où rien ne s’est mélangé ». 

Ils et Elles nous ont accompagnés comme de vieux ami.e.s qui nous collent à la peau : Roy Cohn, l’avocat homosexuel et homophobe, juif et antisémite qui a défendu Trump dès la première heure ; Harper et Joe, le couple mormon shooté au valium ou au mensonge ; Prior le malade du sida, qui se débat alors que son ami Louis le quitte ; Belize, l’infirmier qui sauve les âmes, l’Ange, la femme du Bronx et bien d’autres… 

En conversant récemment, je découvre que l’auteur Edouard Louis parle d’Angels in America dans son dernier livre Changer : méthode. Il dit que c’est une des premières pièces qu’il a vues, et qu’elle a changé sa vie. Plus bas, vous pouvez lire ses mots. 

C’est ce que j’ai ressenti de nombreuses fois quand on jouait : ce sentiment que la pièce touche dans nos cellules à ce que nous sommes, nous humain.e.s déraisonnables. Qu’elle porte et qu’elle aide. Qu’elle fait rire et pleurer. Qu’elle réunit. 

Il y a 6 ans, j’ai monté Angels in America parce que c’était ma seule manière de crier qu’on ne doit plus mourir du sida en 2015. Que cette chose, à laquelle j’avais assisté, je ne voulais plus jamais la revoir. 

6 ans plus tard, le changement de paysage est total, mais il y a tellement de résonnances. 

Le virus qui sévit n’est pas le même. C’est un virus de classe. Qui abat et sépare. Avec des pays qui vaccinent, et d’autres qui meurent en silence. Avec des êtres qui s’éloignent et qui se cherchent. Et des anges qui nous soufflent que la planète halète. Comme dans la scène finale où les anges regardent les humains se débattre sur fond de nuage de Tchernobyl. Alors Prior, le héros, dit à la toute fin de la pièce « Je veux encore de la vie, je veux encore de la vie ». Et ces mots me hantent passionnément. 

Nous aussi, nous voulons encore de la vie, de la vie.