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Théâtre de l’Union

Durée : 1h50 avec les déambulations

À partir de 15 ans

Distribution

CONCEPTION TECHNIQUE ET SONORE : Grégoire Durrande et Nourel Boucherk

DISPOSITIF SCÉNIQUE, LUMIÈRE ET COSTUMES : Les Ateliers de l’Union et Claire Gaudriot

COMMANDE À 10 AUTRICES FRANCOPHONES : 

• Bibatanko (RDC),

• Gaëlle Bien-Aimé (Haïti),

• Marie Darah (Belgique)

• Daniely Francisque (France-Martinique),

• Maud Galet-Lalande (France),

• Halima Hamdane (France-Maroc),

• Nathalie Hounvo Yekpe (Bénin),

• Hala Moughanie (Liban),

• Emmelyne Octavie (France-Guyane),

• Johanne Parent

AVEC : Sumaya Al Attia, Claire Gaudriot, Isabelle Girard, Léa Miguel, Marie Quiquempois, Diane Villanueva

Production

PRODUCTION THÉÂTRE DE L’UNION – CDN DU LIMOUSIN | LES FRANCOPHONIES – DES ÉCRITURES À LA SCÈNE

MANIFESTE FÉMININ

Voyage in situ sous casque

Raconter le désir de création au féminin par des voix d’à travers le Monde.

« En décembre 2021, lorsque nous nous réunissons avec l’équipe des Francophonies, nous discutons femmes et écritures. Une béance s’ouvre, après des mois de confinement, des mois d’isolement, et une situation internationale au point mort. Comment raconter aujourd’hui ce qu’est le désir créateur féminin ? La question de la place, de l’identité, de la géographie joue-t-elle un rôle dans l’émergence du désir ? ».

Aurélie Van Den Daele s’entoure de plusieurs autrices, poétesses et conteuses, pour performer des textes courts, voués à être dits, déclamés, criés, visant à renouveler les imaginaires du vieux monde pour laisser place à une gigantesque fête de la sororité vers un nouveau possible.

en tournée 23 / 24

Note d'intention d'Aurélie Van Den Daele

L’idée de Je crée et je vous dis pourquoi est celle d’un manifeste.

En janvier 2021, je rencontre Hassane Kassi Kouyaté, le directeur des Francophonies – Des écritures à la scène, qui regrette de ne pas voir assez de femmes metteuses en scène au sein du festival. Il m’explique, que sur le continent africain, pour que les femmes soient artistes, elles doivent divorcer.

Il me propose alors de réaliser une commande qui répondrait à la question : Je crée et je vous dis pourquoi, en explorant ces axes : Comment raconter aujourd’hui le désir créateur des autrices ? Les questions du lieu de vie, de l’identité et du genre, de la société dans laquelle l’autrice vit et travaille jouent-elles un rôle dans l’émergence de l’écriture et la nécessité d’écrire ?

Dix autrices du monde francophone vont y répondre : Bibatanko (Bibiche Tankama N’Sel) (RDC), Gaëlle Bien-Aimé (Haïti), Marie Darah (Belgique), Daniely Francisque (France-Martinique), Maud Galet-Lalande (France), Halima Hamdane (France-Maroc), Nathalie Hounvo Yekpe (Bénin), Hala Moughanie (Liban), Emmelyne Octavie (France-Guyane) et Johanne Parent (Canada).

Moi-même, je ne sais pas toujours pourquoi je crée. En tant que vivante, en tant que femme, en tant que metteuse en scène. C’est une intuition, une sensation, mais ce n’est pas toujours descriptible.

J’imagine alors que je mettrai ces textes en scène, comme une grande fête de la sororité, une relation à distance, en musique et en jeu, comme si nos corps ici prenaient le relais d’autres voix ailleurs.

Mais quand je reçois les textes, je ressens un véritable choc. Aucune des dix autrices à qui nous commandons ces textes ne peut contourner la difficulté qu’est l’acte de création. Des mots reviennent : nuits, cris, plume, crainte, lave, muselière… Des textes comme des lames de couteaux, et comme des blessures à réparer.

Ces textes appellent une forme performative, intuitive et intime. Ces textes appellent de la consolation.

Il faut les faire entendre comme au creux de l’oreille, comme des paroles intérieures.

En parallèle, me revient en tête Une chambre à soi de Virginia Woolf. Parce que cet ouvrage de 1929 parle déjà du désir créateur. Dans cet ouvrage, Virginia Woolf démontre, sous la forme d’une conférence que pour qu’une femme puisse créer, il faut qu’elle ait 500 livres de rente et une chambre à elle, pour ne pas être dérangée par les obligations familiales.

Or, depuis quelques spectacles, je souhaite pousser les frontières, rendre les espaces plus poreux, avec la volonté aiguë de travailler un aller-vers une autre forme de relation « aux vivants ».

Je choisis donc sept créateurices : un créateur son et musicien, une chanteuse et comédienne, quatre actrices et une illustratrice. Il et Elles viennent de différents endroits géographiques, il et elles n’ont pas été formées de la même

façon, n’ont pas le même âge et pas le même rapport à l’acte créateur. Pour certain.e.s, c’est évident, d’autres en sont encore très empêché•e•s.

Ensemble, nous creusons des espaces pour entendre : des bulles où le public n’est ni voyeur, ni seulement public et qui symbolisent les ailleurs de ces femmes qui vivent soient enfermées soient très à l’intérieur, confinées en elles-mêmes. Le public doit être peu nombreux, pour recevoir et entendre.

Le manifeste repose sur le principe de déambuler dans des chambres à soi.

 

Ensemble, nous poussons la porte de chambres où les interprètes sont déjà là pour nous raconter une histoire. Elles tissent avec nous un rapport complice et tendre pour nous raconter l’indicible. Ces chambres sont multiples et elles se situent dans ou hors du théâtre. Chacune de ces chambres a une caractéristique forte : elle représente un intérieur confiné ou un ailleurs, elles sont meublées et réalistes, ou abstraites et conceptuelles. Des fenêtres s’ouvrent de lieu en lieu, comme des perspectives vers d’autres mondes.

Une chambre est consacrée à la dessinatrice. Elle se trouve dans l’atelier de confection du théâtre de l’Union lors de la création. Comme un écho à nos impossibilités.

Les spectateurs et spectatrices font partie intégrante de ces scénographies puisqu’à chaque fois nous les considérons dans l’espace qui leur est donné à découvrir.

Chaque groupe a un parcours avec une narration à lui selon par quel point il commence. Chaque groupe se retrouve dans un lieu pour un final commun qui nous ramène dans notre lieu de départ, comme au début de l’expérience. Pour chaque groupe, nous jouons sur le sens de circulation, les intérieurs / extérieurs, les distances, les perspectives et les incursions dans les parcours les unes des autres.

Il y a des correspondances entre les cellules, les espaces : des plumes qui se lancent, des moments qui s’aperçoivent quand on est dans un parcours pour se retrouver dans un autre, des sons qu’on envoie d’espaces en espaces. Il y a des illustrations géantes de la dessinatrice qui peuplent les murs et les sols que le public foule.

Pour orienter les spectateurs et spectatrices, j’avais envie, comme souvent dans les dispositifs immersifs qu’une voix et un univers sonore nous guident.

La voix c’est celle d’une chanteuse et comédienne, Diane Villanueva. Cette voix c’est celle de la première adresse à toutes et tous en direct. C’est celle qui va nous indiquer de mettre nos casques et de circuler dans les espaces et les mondes. Il y a de la douceur et de la consolation envers les interprètes comme envers nous.

C’est sa voix qui nous guide dans les arcanes de cette maison de poupée et parfois on la voit sur le parcours, comme une réminiscence du commencement.

Le casque nous permet une intimité d’écoute, un lien unique entre le public et les interprètes.

La matière sonore que nous entendons c’est celle des textes joués en direct, celle d’une composition musicale, mais aussi celle de voix que nous avons collectées autour d’un questionnaire sur le désir.

Et ainsi nous composons, le temps d’une soirée la communauté, le monde qui regarde en face les difficultés et les empêchements de la création.

Aurélie Van Den Daele • Novembre 2022 

EXTRAITS

« J’écris parce que je me tais.

Depuis que dans l’enfance on m’a appris à la boucler sans jamais qu’on me l’ordonne tout à fait clairement, depuis qu’on m’a appris à tenir ma langue, à la plier en petits morceaux dans des petits mouchoirs de papier enfoncés dans des petites poches de silence, depuis que j’ai appris à planter ma langue avec des épines de paroles non-dites, paroles interdites proscrites paroles maudites

Tout cela depuis longtemps.

J’ai appris à craindre mes propres mots

Ouais, mes mots j’ai appris à m’en méfier

Appris à les étrangler, les ravaler, les noyer

Appris à les censurer, à me les interdire à moi-même

Surtout ceux malencontreux qui pourraient s’échapper de ma bouche comme des bombes

et défoncer les silences cathédrales, les silences implacables, secrets insondables qui

couvent l’horreur et le déshonneur, les silences pestilence, les secrets menteurs

Mais ça n’a pas toujours été le cas.»

 

Une lave sous muselière DANIELY FRANCISQUE

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