"Il est temps de penser autrement la mondialisation humaine à l’heure où la mer Méditerranée est le tombeau de tant d’immigrés et où l’Europe fait face à un afflux d’hommes, de femmes et d’enfants fuyant les guerres et la famine. Sur les sujets qui nous préoccupent - les figures de l’étranger, le sort des réfugiés, l’importance croissante des migrations, la mondialisation humaine - le spectateur n’a le plus souvent accès qu’aux chiffres abstraits et aux images d’actualité angoissantes.
Les migrants sont présentés comme des indésirables, les étrangers comme des menaces pour l’ordre social, les immigrés comme des étrangers à l’identité nationale. Les médias mettent en scène l’impuissance (ou la résistance volontaire) des Etats du Nord à « accueillir la misère du monde ».
Notre ambition est de suspendre les jugements hâtifs et de renverser les points de vue. Par l’empathie qu’exige la démarche de l’anthropologue, il s’agit de comprendre comment les hommes essaient d’habiter le monde, même ceux à qui l’on refuse une place où « raciner » leur existence. Le réfugié indésirable, par sa présence récalcitrante, devient ainsi une figure centrale – et non pas marginale – du monde de demain.
Quel monde commun voulons-nous si celui-ci doit se protéger par des murs et des frontières étanches entre les « mondiaux » et les « locaux », les sédentaires et les nomades, les mobiles et les condamnés à l’immobilité ?
Les camions passent chaque jour les frontières avec des tonnes de marchandises, les avions, les bateaux transportent chaque jour des milliers de passagers avec leurs besoins d’ailleurs, et puis il y a ceux qu’on empêche de sortir et de prendre pied sur un territoire. Ceux-là sont condamnés à l’immobilité, ils ne peuvent ni rester chez eux, ni franchir les frontières, ils n’ont plus d’ici et n’auront jamais d’autre ailleurs que les campements, jungle, ghettos, zones de transit ou zones d’attente. Couloirs de l’exil à l’écart du monde."
Marcel Bozonnet, Michel Agier, Catherine Portevin
Un projet transversal et citoyen
Marcel Bozonnet et l’anthropologue Michel Agier, spécialiste de l’ « encampement du monde », en collaboration avec la journaliste Catherine Portevin, repensent aujourd’hui un travail entamé en 2013. L’intention est d’amener chacun à s’interroger sur la figure de l’étranger, le sort des réfugiés, les migrations et la mondialisation humaine. C’est une histoire qui débute dans la nuit des temps et continue de s’écrire au présent.
Ce sujet ancré dans l’actualité nécessite l’invention d’une forme nouvelle. Il s’agit de créer une forme théâtrale, qui allie arts et savoir, recherche anthropologique, témoignages et écriture contemporaine, plus proche de la performance que de la représentation. Une forme mêlant la rage des danseurs de Krump aux recherches musicales et sonores actuelles, comme une résonnance de la violence et du courage qui jalonnent le chemin de l’exil.
En partenariat avec le lycée agricole des Vaseix, une création "hors les murs"
La compagnie s’est associée au lycée agricole des Vaseix pour réaliser cette création et y présenter le spectacle.