Deux auteurs, metteurs en scène et directeurs d’une compagnie de théâtre, se retrouvent pris au piège d’une situation dont ils sont en partie responsables : ils doivent fournir pour le lendemain, un projet de spectacle alors qu’ils sont en pleine crise d’inspiration.
Questionnements et tiraillements, radiographie du désir, dialogue au bord du vide, épuisement des possibles et de l’impossible… Le public est invité à suivre, pas à pas , la tentative désespérée de ces deux auteurs à la recherche d’une idée qui paraît introuvable.
Jusqu’au moment où l’inefficacité flagrante de leur démarche, les pousse à se plonger dans une rêverie consciente pour imaginer et laisser venir dans leur esprit, des images, scènes, bouts et débuts de spectacles possibles…
En faisant le choix de mettre en scène en direct, ces « visions », nous voulons faire basculer le spectacle dans un « ailleurs », créer des échappées vers d’autres portes, d’autres espaces faits d’apparitions et disparitions, fragments, fulgurances et inattendus. « C’est pas... » sera une plongée en apnée dans les abîmes de la création, l’influence du malaise généralisée de nos sociétés, et sa contamination dans l’espace de l’intime. A la fois un hymne au théâtre, une joyeuse mise en jeu de ses codes et une ouverture vers l’imaginaire...
Au bout de ce voyage que vont-ils trouver… ?
Ça vient d’où ?
Pourquoi ce projet ?
Avec « C’est pas parce qu’il y a un titre que ça change quelque chose », nous poursuivons l’exploration d’une forme et d’une écriture théâtrale singulière entamée avec « Et Après » qui est comme une variation autour de cette phrase du poète Ghérasim Luca : « Comment s’en sortir sans sortir ».
C’est à dire ?
Nous sommes le plus souvent dans notre existence placés dans des situations complexes, difficiles, voir bloquées. On voudrait s’en libérer, mais on ne peut pas pour autant s’échapper. On ne peut pas remettre sa vie à demain, on ne peut pas faire disparaître le réel et le monde d’un claquement de doigt.
De la même manière, on ne peut pas remettre la représentation à demain. On est là, sur le plateau et entre les murs du théâtre, devant le public, il y a un problème, et on ne va pas « foutre le camp ». On est là, oui, on ne peut pas sortir, non, mais on peut quand même s’en sortir…
Mais comment ?
Par la force et la dynamique du désir. A condition de prendre ce mot en dehors de sa connotation sexuelle et amoureuse. Le désir, c’est comme le dit Spinoza, un effort pour continuer à exister. Cet « increvable désir » dont parle Alain Badiou à propos de Beckett.
Le désir c’est à la fois le carburant, le moteur et le mouvement de la vie. Et c’est ce qui ouvre notre capacité à créer, à inventer, à imaginer...
Ce n’est certes pas facile, ça butte, ça cogne, ça glisse, ça avance pas à pas, et ça bégaye comme la langue de Ghérasim Luca, mais nous assumons que la vie comme le théâtre bégayent...
Un bégaiement ?
Oui, le bégaiement, c’est ce qui ouvre des portes sur des espaces complètement imprévisibles et singuliers. Se surprendre soi-même ou « Être étranger à sa propre langue », comme le dit Deleuze après Proust, c’est faire bégayer la création.
Et puis, le bégaiement a souvent tendance à nous faire rire. Et ce ne sont pas seulement les mots. Il n’y a qu’à voir les films de Chaplin ou de Keaton. C’est tout qui bégaye dans le burlesque. Et c’est ce qui nous fait autant rire alors que bien souvent la situation de départ est on ne peut plus tragique.
Et c’est ça qu’on cherche et qu’on défend dans notre théâtre. Ce mélange entre tragique et comique. Ce n’est pas juste une forme ou un genre, c’est l’essence même de notre écriture et de notre vision du théâtre et du monde. Pas de tragique sans comique et inversement. C’est complètement lié, entrelacé par le bégaiement. Un bégaiement total.
Et un bégaiement qui donne la singularité de cette écriture….
Effectivement, parce qu’il faut concevoir cette écriture du bégaiement ou ce bégaiement de l’écriture comme « libérée » des codes narratifs traditionnels. Il ne s’agit pas de raconter une histoire au sens classique du terme avec sauts dans le temps et changements de lieux et d’espaces. Mais plutôt de s’attacher à faire vivre, à suivre une situation de départ, « en direct », pas à pas et au présent, dans son cheminement et sa dynamique forcément chaotiques et imprévisibles.
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