Intentions de mise en scène par Matthieu Roy
Pour raconter ces différentes histoires, j’ai choisi de réunir sur scène trois jeunes femmes : Katia Pascariu - comédienne et membre fondatrice avec Mihaela Michailov du Centre Replika de Bucarest, Ysanis Padonou, jeune comédienne formée à l’École du Théâtre National de Strasbourg et Iris Parizot muscienne et comédienne qui a participé à la création du diptyque opéatique composé par Aurélien Dumont d’après Qui a peur du loup de Christophe Pellet et Macbeth de Shakespeare
Les lectures publiques de ce texte que nous avons présenté au cours de la saison franco-roumaine 2018/2019 m’ont convaincu de la nécessité de faire entendre la langue originelle de la pièce, le roumain, traduit en simultané en français. Cette musicalité raconte déjà en elle-même un voyage à travers l’Europe et fait écho à l’universalité des problématiques soulevées par la pièce de Mihaela Michailov. Elle apporte également une distance salutaire à la force du propos qui nous concerne tous.
J’ai longuement hésité à recruter un comédien pour apporter un contre-point masculin à ces récits qui s’écrivent du point de vue féminin. Je pense que ce choix d’une distribution uniquement féminine marquera d’autant plus l’absence souvent incompréhensible des hommes sur ces questions existentielles et invitera également chaque spectateur à projeter ses propres figures masculines.
L’artiste plasticien Bruce Clarke travaillera sur la constitution d’une scénographie sous forme de tableaux venant soutenir les comédiennes dans leur prise de parole. Il déploie dans son oeuvre un univers singulier procédant par collages et ajouts sur la toile de différentes matières à la fois de citations, de coupures de presse se superposant à des portraits d’hommes et de femmes. Ses toiles questionnent ainsi l’individu : Comment l’intime est travaillé par ces intéractions sociales ? Quelles sont leurs influences sur les visages, les regards, les corps ? La rencontre de ses oeuvres avec le texte et son incarnation par les comédiennes cherchera à susciter émotion, processus d’identification et prise de conscience chez le spectateur.
Sur la scène, un premier tableau nous sera donné à voir, une forme moderne d’Annonciation. De cette oeuvre plastique naîtra la parole comme si les personnages de la toile se mettait à nous parler. Puis, petit à petit, les corps des trois comédiennes se révèleront et agiront sur le tableau qui se modifiera en fonction des différents récits de vie.
La toile se froisse, se déchire, se morcelle pour se recomposer et donner naissance à une autre création empreinte de ces multiples expériences de vie.
Matthieu Roy
Avril 2021