Note d'intention de Pierre Pradinas

Depuis longtemps déjà, les farces et les nouvelles de Tchekhov nous accompagnent. Le projet de les porter à la scène a toujours été associé avec l’idée de les présenter dans des lieux singuliers qui n’ont pas forcément vocation au théâtre : tréteaux, places, châteaux, jardins, plein airs, parvis, salles des fêtes... Le contexte actuel nous incite à penser une forme légère, adaptable, et modulable dans sa durée. Nous voulons créer un spectacle de proximité, jouable aussi sur de grands plateaux,de mélanger des comédiens de plusieurs générations, dans l’idée d’échange, de transmission et de solidarité avec ceux qui commencent ce métier.

Nous avons choisi trois pièces et trois nouvelles : Les méfaits du tabac, La demande en mariage, L’ours, Un drame, La choriste, Une bonne fin. Leur format court nous intéresse particulièrement. Tchekhov bien sûr y excelle. Elles s’adressent à un large public. Elles ont l’exigence et la profondeur de ses grandes pièces. La farce ici n’est pas ce que l’on croit. Bien sûr elle induit le rire, cruel, mais finalement, elle montre les gens avec beaucoup de tendresse.

Dans ses pièces comme dans ses nouvelles, Tchekhov décrit des personnages qu’on est peu accoutumé à voir sur scène et qu’il fait vivre littéralement comme Daumier dans ses dessins : paysans, employés de banques, personnes endettées qui luttent dans un monde malade, replis sur soi. Ils vivent tous dans l’univers finissant de la Russie du XIXème siècle, mais nous avons vraiment l’impression de les avoir rencontrés. Comme dans Chaplin, l’humanité des personnages est inséparable du burlesque. C’est une magnifique matière de jeu pour les comédiens.